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Juil
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Sortie mycologie du 9 Novembre 2024

Pour découvrir le résumé de la sortie mycologique, nous vous proposons d’abord de vous mettre
dans l’ambiance et d’écouter Concerning hobbit parallèlement à votre lecture. Nous allons tout
mettre en œuvre pour vous faire vivre ou revivre cette journée.
https://www.youtube.com/watch?v=LML6SoNE7xE
C’est dans un bois peuplé en grande partie de chênes blanc, que nous nous sommes retrouvés près
de St Etienne-Les-Orgues ce samedi 9 novembre 2024, en compagnie des mycologues de
l’association mycologique de Gap. Cyril, Jef et René avaient prospecté pendant plus d’une semaine
pour nous sélectionner une zone géographique qui nous offrirait une riche diversité d’espèces de
champignons.
Nous avons arpenté l’un des bois de la Montagne de Lure dont le sol acide était jonché de feuilles
mortes automnales et les troncs recouvert de lichens. Nous avons fait trois groupes mais avions la
possibilité de passer d’un groupe à un autre de manière très fluide, en fonction des trouvailles que
nous faisions et des envies des uns et des autres. On pourrait faire tous les salons du champignon du
monde, toutes les expositions possibles et imaginables sur ce sujet, rien ne vaut l’étude mycologique
sur le motif, sur le terrain. Car voir un champignon dans son milieu, c’est comprendre sa dynamique
de peuplement, de vit, de reproduction et c’est entrevoir les échanges qu’il fait avec son milieu.
Après une journée entière à en chercher, après en avoir trouvé par hasard en regardant et en
soulevant les feuilles mortes, force est de constater que nos yeux repéraient par la suite, les milieux
susceptibles de cacher ces champignons. Prenons l’exemple de la trompette de la mort, appelée
aussi la corne d’abondance (un très bon comestible) : « vous en avez trouvé un ? Alors vous en avez
plusieurs ! Cette espèce là pousse en tapis » nous assurait René. Ces champignons noirs poussent les
uns à côté des autres près d’un chablis, près d’une branche tombée, dans un micro espace ombragé
et humide mais aussi près de la bruyère (même si ce n’est pas systématique, c’est statistiquement
vrai dans le bois où nous étions).
« Jef, j’en ai trouvé d’autres ! »
« Ah non » La voix douce de Jef laissa un petit suspense. « Celui là n’est pas lisse, regardez ». En effet,
le champignon présentait un tissu avec des plis sous son chapeau noir alors que les trompettes de la
mort sont lisses. Ainsi rentrent en scène les caractères d’identification. La mycologie invite à
l’observation : il faut savoir décrire et différencier. Nos mycologues nous avaient conseillé la clé
d’identification mycodb, accessible gratuitement sur Internet. Elle est très importante car elle peut
nous éviter de faire des confusions qui pourraient être tragiques. Les champignons peuvent avoir une
forme en massue (comme le Clavaire en pilon), en oreille, en boule (vesse de loup perlée) ou bien
une forme typique de chapeau accompagné d’un pied. Pour cette dernière forme, il suffit de
regarder sous le chapeau pour voir des pores ou des alvéoles (morilles), ou bien des aiguillons (pieds
de moutons) ou encore un tissu lisse (chanterelles) ou des lames.
Evidemment, le numérique nous a rattrapé : nous avions téléchargé l’application Mushroom Pictures
pour nous faciliter les identifications. Verdict : il y a du vrai dans cette application, elle propose
souvent en première proposition la bonne espèce, mais il est primordiale d’étudier les caractères des
champignons pour être certain de ce que nous récoltons, il y a va de notre responsabilité.
Les paniers étaient remplis. Nous avons réalisé une exposition des espèces trouvées et de quelques
espèces que nous avaient ramenées nos mycologues. Il y avait environ une quarantaine d’espèces
présentées dans des petits bacs blancs. Nos mycologues nous ont aidé à nommer chaque espèce.
Parfois, quand le doute plane, il vaut mieux s’arrêter à la famille. Les champignons peuvent être
toxiques voire mortel comme l’amanite phalloïde ! Cette discipline concoure donc à l’humilité et à
l’honnêteté. Et voila que la pluie nous avait tous surpris. Les grosses gouttes s’écoulèrent sur les
petits papiers d’identification effaçant ainsi les noms de notre travail. Que restait-il de tout ça ? C‘est
une belle parabole. En mycologie, on apprend des mots scientifiques, des noms latins, certes, mais

on apprend surtout en pratiquant. Nous avons tellement appris en un jour et il y a tellement à
apprendre encore. Nous remercions chaleureusement nos mycologues Jef, Cyril et René qui nous ont
dévoilé l’un de leurs spots de champignons. Car, c’est bien connu, les chemins des champignons ne
se révèlent pas. On est heureux de cette sortie et de ce groupe de passionnés qui s’est réunie en ce
joli automne 2024.
Qui peut dire de nos jours « j’ai récolté ce que j’ai mangé ? ». Partir récolter des champignons, c’est
s’aérer les poumons et l’esprit, faire de l’observation et rentrer dans la démarche scientifique, c’est
mieux connaître son environnement proche et savoir utiliser les ressources à disposition, c’est être
responsable… Et disons le enfin, récolter des champignons, c’est aussi prendre plaisir à savourer un
repas issu de nos récoltes, c’est aimer, respecter et partager la Nature. Alors comme a dit Cyril : « Il
faut revenir ».